Forbidden Dream
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 Lhel Amaryllis

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Lhel Amaryllis

Lhel Amaryllis


Gémeaux Singe
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Date d'inscription : 18/04/2010
Age : 31
Localisation : Au fond des Bois
Passe-temps : Gardienne des Bois de Wonderland
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MessageSujet: Lhel Amaryllis    Lhel Amaryllis  EmptyMar 20 Avr - 20:02

Lhel Amaryllis  806467Vous


      Nom : Amaryllis
      Prénom : Lhel
      Surnom : La Dame des Bois, l'Esprit de la Forêt, la Sorcière.

      Sexe : Féminin
      Âge : Elle semble avoir une vingtaine d’années, mais en réalité, elle est née en même temps que les bois de Wonderland il y a plusieurs milliers d'années.
      Lieu de naissance : Le Bois de Wonderland

      Statut dans Wonderland : Sa fonction n’est pas tout à fait un métier, mais on peut dire qu’elle est la gardienne des forêts de Wonderland ; une chamane qui se porte garante du bien-être des bois et de ses habitants.
      Camp : Elle défend les mêmes idéaux qu’Alice et s’est donc indirectement ralliée à elle, mais elle conserve une forte tendance neutre. Elle ne s’inclinera que devant les Bois de Wonderland.
      Orientation sexuelle : Franchement, elle n'a pas le temps de s'en soucier...


    Lhel Amaryllis  518438Descriptions


      Physique :
      Lhel est une jeune femme dans la force de l’âge. Du moins, c’est ce qu’il semble être quand on la regarde peu attentivement. Son regard perçant renferme toute la sagesse du monde ; une sagesse centenaire, si elle n’est pas millénaire, celle des arbres auprès de qui elle a l’habitude de méditer. Ses yeux sont aussi noirs que les ténèbres mais plus pénétrants que ceux d’un faucon. Ils ont la forme d’une amande et sont légèrement bridés, signe du temps que la jeune femme a passé au grand air. Elle a les pommettes hautes et les traits à la fois fins et acérés, mais cela ne signifie pas qu’elle a pour habitude de sourire… Ses lèvres délicatement ourlées affichent en permanence une moue impassible ou sévère. Elle a quelques rides d’expression qui figent sa physionomie en un masque d’imperturbabilité. Ainsi, lorsqu’elle médite au cœur de la forêt, on pourrait la prendre pour une statue de bois du plus bel ouvrage.
      La particularité qui la différencie des êtres humains sont les bois de cerf qui poussent au-dessus de son front. Elle les perd au début du printemps ; ils repoussent tous les ans et atteignent leur maturité en automne. Si ces « ornements » semblent extrêmement lourds, cela ne semble pas déranger Lhel...
      Son teint hâlé l’aide à se fondre dans son environnement, bien que ses vêtements habituels ne soient pas faits pour le camouflage en forêt. Ses longs cheveux, eux, sont tirés en arrière et se jettent jusqu’au creux de ses reins comme une cascade dans un lac. Couleur terre brûlée, ils ondoient de reflets bordeaux le jour et argentés la nuit.
      Lhel est une jeune femme d’assez grande taille, elle dépasse un grand nombre de femmes à Wonderland. Elle a le corps élancé et assez musclé, témoignage des innombrables années qu’elle a passées au sein des bois. Mais elle cache ses formes vigoureuses sous ses lourds vêtements, ce qui laisse à penser qu’elle possède une certaine pudeur…
      On raconte que sous ses lourds vêtements, son buste serait recouvert de marques faites avec une encre végétale, qui représenteraient la flamme vitale de la forêt. Ainsi, elle serait censée être la garante de la survie des bois de Wonderland ; si ceux-ci venaient à mourir, ces tatouages indélébiles s’effaceraient, et l’existence de Lhel deviendrait absurde. Elle ne serait plus qu'une coquille vide sans âme. Mais personne n’a jamais été assez proche d’elle pour voir ces mystérieuses marques ; les seuls qui en ont été témoins sont ceux qui l’ont vue se dévêtir pour prendre son bain de minuit, et ils sont plus que rares.

      Tenue vestimentaire habituelle :
      Lhel est une jeune femme dans la force de l’âge. Du moins, c’est ce qu’il semble être quand on la regarde peu attentivement. Son regard perçant renferme toute la sagesse du monde ; une sagesse centenaire, si elle n’est pas millénaire, celle des arbres auprès de qui elle a l’habitude de méditer. Ses yeux sont aussi noirs que les ténèbres mais plus pénétrants que ceux d’un faucon. Ils ont la forme d’une amande et sont légèrement bridés, signe du temps que la jeune femme a passé au grand air. Elle a les pommettes hautes et les traits à la fois fins et acérés, mais cela ne signifie pas qu’elle a pour habitude de sourire… Ses lèvres délicatement ourlées affichent en permanence une moue impassible ou sévère. Elle a quelques rides d’expression qui figent sa physionomie en un masque d’imperturbabilité. Ainsi, lorsqu’elle médite au cœur de la forêt, on pourrait la prendre pour une statue de bois du plus bel ouvrage.
      La particularité qui la différencie des êtres humains sont les bois de cerf qui poussent au-dessus de son front. Elle les perd au début du printemps ; ils repoussent tous les ans et atteignent leur maturité en automne. Si ces « ornements » semblent extrêmement lourds, cela ne semble pas déranger Lhel...
      Son teint hâlé l’aide à se fondre dans son environnement, bien que ses vêtements habituels ne soient pas faits pour le camouflage en forêt. Ses longs cheveux, eux, sont tirés en arrière et se jettent jusqu’au creux de ses reins comme une cascade dans un lac. Couleur terre brûlée, ils ondoient de reflets bordeaux le jour et argentés la nuit.
      Lhel est une jeune femme d’assez grande taille, elle dépasse un grand nombre de femmes à Wonderland. Elle a le corps élancé et assez musclé, témoignage des innombrables années qu’elle a passées au sein des bois. Mais elle cache ses formes vigoureuses sous ses lourds vêtements, ce qui laisse à penser qu’elle possède une certaine pudeur…
      On raconte que sous ses lourds vêtements, son buste serait recouvert de marques faites avec une encre végétale, qui représenteraient la flamme vitale de la forêt. Ainsi, elle serait censée être la garante de la survie des bois de Wonderland ; si ceux-ci venaient à mourir, ces tatouages indélébiles s’effaceraient, et l’existence de Lhel deviendrait absurde. Elle ne serait plus qu'une coquille vide sans âme. Mais personne n’a jamais été assez proche d’elle pour voir ces mystérieuses marques ; les seuls qui en ont été témoins sont ceux qui l’ont vue se dévêtir pour prendre son bain de minuit, et ils sont plus que rares.



    Lhel Amaryllis  373866Personnalit

      Caractère :
      Comme les animaux avec qui elle cohabite, Lhel est farouche et discrète. On pourrait passer à côté d’elle plusieurs fois sans même l’apercevoir ou distinguer un seul de ses mouvements, et elle disparaît souvent en plein cœur de la forêt pendant plusieurs jours, sans raison apparente. Plus indomptable qu’une jument sauvage, il faudrait être fou pour oser la priver de son indépendance et de sa liberté. C’est une forte tête, qui est têtue et très courageuse lorsqu’un danger menace l’équilibre
      Taciturne, elle parle relativement peu et uniquement lorsqu’elle en ressent réellement le besoin. Elle préfère demeurer dans l’ombre et observer ; ainsi, elle peut emmagasiner de grandes connaissances simplement en étant attentive à ce qui se passe autour d’elle. Lhel exige pour elle-même comme pour les autres rigueur et fermeté, et c’est avec sévérité qu’elle traitera avec les habitants de Wonderland. Il est impossible de lui faire perdre ses convictions, qu’elle s’est lentement créée comme l’araignée tisse sa toile depuis le jour de sa naissance. Et seuls les clairvoyants peuvent relativement la cerner et savoir ce qu’elle ressent au fond d’elle. Lhel a donc toujours l’air froide et impassible même quand elle est seule, à quelques exceptions près.
      Car parfois, il lui arrive de retrouver son insouciance d’antan, lorsqu’elle n’était pas plus grande qu’une pousse de bambou. Ces moments sont rares et il faudrait être quelqu’un d’extrêmement important dans sa vie pour avoir la chance d’y assister. En outre, elle se montre très hospitalière envers ceux qui affichent un respect total envers les bois de Wonderland et les invite quelque fois dans son abri, construit en haut d’un des plus vieux chênes de la forêt.
      Comme on peut aisément le deviner, Lhel n’a aucune attache particulière envers un autre être humain. Elle n’appartient qu’à la forêt, et n’a donc pas la moindre envie de perdre du temps à développer une relation avec quelqu’un. Elle est néanmoins proche de la plupart des habitants à poils, à plumes ou à écailles de la forêt, mis à part ceux qui y ont impudemment élu domicile depuis que la Reine Rouge s’est approprié ce territoire sauvage. La Chenille est pour elle un conseiller avisé, qu’elle va trouver lorsque elle a grand besoin de son aide.
      Face à la menace grandissante du Chapelier fou et de la reine Rouge, elle s’est alliée à Alice ainsi qu’à la Reine Blanche. Et si c’est nécessaire, elle se rangera du côté de la « nouvelle Alice », qu’elle n’a encore jamais rencontrée.

      Bien sûr, ce que Lhel aime par-dessus tout, c’est le Bois de Wonderland. Marcher dans la forêt sans but précis, recueillir des ingrédients pour ses préparations et partir en quêtes d’éléments inconnus de la forêt sont autant de passe-temps pour Lhel ; ils seraient forts monotones pour quiconque, mais pas pour elle, qui voit mille et une merveilles dans tout ce qui est la forêt. Elle peut passer des journées entières à pister, traquer une proie, sans se lasser, bien qu’elle déteste donner la mort à un être de la forêt. Il n’est pas rare de la trouver en plein milieu de la forêt, plongée dans une profonde méditation au clair de lune ou sur une souche d’arbre ; car elle adore la solitude et le silence lorsqu’il est uniquement troublé par le chant des oiseaux. Elle fait corps avec les éléments naturels, et apprécie énormément la chaleur du soleil sur sa peau brune ainsi que la morsure glacée de l’eau des ruisseaux.

      Le pire ennemi de Lhel est bien entendu le Chapelier fou. Comme c’est lui qui a déclenché la guerre qui a détruit une partie des Bois de Wonderland, l’a manipulée et s’est installé tout près d’eux sans lui demander son avis, elle le déteste plus que tout. Et par conséquent, elle fera n’importe quoi pour l’empêcher de s’emparer de sa forêt bien-aimée. Elle ne supporte pas le fait qu’il considère les habitants des bois comme de simples choses, et encore plus qu’il se permette d’en capturer de temps en temps pour ses expériences contre-nature. Elle n’aime pas non plus la Reine Rouge, qui s’imagine que les Bois sont inclus dans son royaume (ce qui est évidemment faux), ainsi que les monstres qui y ont établi domicile depuis quelque temps. Elle a une sainte horreur du feu, qui lui rappelle l’incendie déclenché par la Reine de Cœur et qui a ravagé tout un pan de la forêt. Enfin, le bruit, l’agitation humaine et la violence l’exaspèrent et elle fait n’importe quoi pour les fuir.

      Qualités et défauts :
      La dévotion est la plus grande des qualités de Lhel. Elle ferait n’importe quoi pour le bien de sa forêt. Absolument n’importe quoi. Selon elle, elle fait corps avec la forêt qui l’environne ; elle y puise sa force et lui offre la sienne en retour. Elle y sera toujours fidèle, ainsi qu’à ses compagnons, si elle en trouve, et seulement s’ils respectent son trésor végétal. En cela, elle sait faire preuve d’une bienveillance sans limites qui dépasse les frontières de l’entendement humain. Cette ferveur et cette bienveillance peuvent se changer un courage époustouflant, lorsqu’elle doit combattre pour sa vie ou celle des bois de Wonderland. Elle n’hésitera pas à repousser ses limites les plus reculées, qu’elles soient physiques ou psychologiques.
      Son existence passée dans une région aussi sauvage et traîtresse que les bois ont permis à Lhel de développer une vivacité d’esprit comme on n’en voit que trop peu souvent. Son habileté, son intelligence et sa perspicacité lui permettent de déjouer les pièges les plus vicieux et les dangers les plus périlleux. Elle sait voir dans l’esprit de ceux qui souhaitent l’embobiner et le leur fera savoir avec fermeté. Ingénieuse, elle peut aussi élaborer elle-même des stratagèmes complexes qui donneront du fil à retordre à ses ennemis…

      A défaut de vivre en société, Lhel montre un individualisme exagéré qui en énerve plus d’un. Elle est si impénétrable que personne n’a jamais pu lire en elle. La vie de ceux qui vivent en dehors des bois n’a aucune importance pour elle, surtout s’ils s’y introduisent sans son consentement… Elle donne et reprend la vie sans montrer la moindre lueur d’indécision. Elle sait pertinemment que la vie et la mort ne tiennent qu’à un fil, si bien qu’elle reste aussi froide qu’une pierre lorsqu’elle doit donner la mort.
      Lhel ne laisse libre cours à son ouverture d’esprit qu’à la forêt, alors qu’elle est tout à fait capable d’en faire de même avec le monde extérieur… mais préfère se méfier de chaque chose qui n’appartient pas à son monde. A commencer par les intrus. Cela a pour effet de la rendre irascible et parfois un peu trop butée, et fait malheureusement ombre à ses qualités. Si un visiteur importun entre dans les bois sans qu’elle l’y ait autorisé, sa première réaction sera l’attaque. Et cette témérité lui joue souvent des tours, surtout quand elle prend d’assaut une armée entière à elle seule… Et en plus de cela, voir et sentir la douleur de la forêt lorsqu’on la blesse l’affaiblira mais décuplera sa férocité digne d’un fauve enragé. Durant ces courts moments, Lhel pourrait bien confondre amis et ennemis…

      Autres petites particularités :
      Lhel ne peut absolument pas franchir les limites du Bois. Si cela arrive, elle ressent de fortes nausées et est sujette à des malaises. La forcer à sortir de la forêt signerait son arrête de mort. Voilà une des raisons pour lesquelles son lien à la forêt est si fort.



    Lhel Amaryllis  897980Histoire

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    Lhel Amaryllis  593409Prcisions

      Fréquence de connexion : Autant de fois que l'on aura besoin de moi.
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    Lhel Amaryllis

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    MessageSujet: Re: Lhel Amaryllis    Lhel Amaryllis  EmptyVen 14 Mai - 13:40

    ~ Story ~

    Histoire:


    *Prologue*


    « Tu es née pour garder ces lieux. Ton devoir est de surveiller la vie qui y grandit. Tu grandiras avec elle, à son rythme. Ton existence ne pourra perdurer qu’avec la bonne santé des Bois et s’ils meurent, tu mourras aussi. Tu es leur fille, leur mère et leur sœur. Tu vivras aussi longtemps que les arbres les plus hauts, mais chaque fois qu’un être des bois mourra, tu mourras avec lui. Chaque fois qu’il en naîtra un, tu deviendras une part de lui. Tu es née pour protéger cet endroit. Tu ne devras jamais t’en éloigner, l’abandonner. Car comme la flore, tu es fixée à la terre qui t’a donné naissance. Comme la faune, tu tires ton énergie des Bois, et tu les connais mieux que quiconque. Ton essence est celle de ce monde et la mienne. Tu es faite pour protéger la vie. Tu es Lhel Amaryllis, la dame des Bois. L’esprit de cette forêt. »

    Le Rêve considéra du regard la minuscule enfant qui elle-même buvait ses paroles. Pour s’assurer qu’elle avait bien absorbé toutes ses paroles, elle posa ses mains de chiffon sur les tempes de l’enfant. Celle-ci ne sembla pas le moins du monde troublée.
    « M’as-tu comprise, Lhel Amaryllis ? » Insista-t-elle.

    Elle n’avait pas besoin de prononcer le moindre mot. Elle en était de toute façon incapable. Son corps n’était pas assez développé pour lui autoriser le langage articulé ; elle n’avait même pas de bouche à proprement parler. Il était plus facile de communiquer par des images plutôt que par des mots. Mais les idées étaient là, en elle. Dans son esprit, si jeune soit-il. Le Rêve devait faire passer ses pensées directement dans l’esprit de ses créations. Qu’elles soient vivantes ou inertes, mobiles ou immobiles, toutes recevaient les idées qu’elle leur incorporait. Ainsi, chaque chose qu’elle créait avait un but particulier qu’elle poursuivrait toute son existence. Comme la jeune Lhel, qui venait de naître de son esprit, et dont le corps vibrait déjà de la force vitale de Wonderland, elle aussi issue du Rêve.

    « J’ai compris, répondit la petite de la même manière que le Rêve. Je suis Lhel Amaryllis. Je suis la forêt. Je suis son esprit. Je la protégerai tant qu’un souffle de vie m’animera. »

    Le Rêve hocha sa tête de poupée en haillons, satisfaite. Elle ne connaissait pas suffisamment les émotions pour en être sûre, mais un sentiment de ce qu’elle appelait « fierté » se mit à gonfler en elle. Sa nouvelle création ne lui ferait pas défaut. Elle vivrait longtemps et poursuivrait le but que le Rêve lui avait fixé jusqu’à son dernier souffle. Elle était la première créature de ce monde à posséder cette forme, que dans un temps incalculable, on appellerait « humaine ». Avant de lâcher le visage de la fillette, elle ajouta : « Tu respecteras chaque habitant des Bois, quel qu’il soit, comme s’il était ton propre enfant. Tu ne prendras jamais plus que ce dont tu as besoin ; et tu ne tueras que pour assurer ta propre survie. C’est compris ? »

    « C’est compris , répéta la fillette, un air d’innocence imperturbable sur le visage.

    Pour le moment, elle avait encore l’expression rêveuse d’un être qui vient tout juste d’être créé. Pour le Rêve, elle ressemblait à une petite boule de lumière scintillant dans la faible clarté du monde en formation. Elle ne se rendait pas compte de ce qui l’entourait, du fait qu’elle était en train de vivre sa naissance. Mais déjà, elle assimilait tout ce qui s’offrait à ses sens engourdis. L’ombre d’un sourire passa sur ce qui servait de visage au Rêve. Elle avait besoin de la présence de cette créature dans le Bois qu’elle venait de créer. Quelque chose lui disait qu’il avait besoin d’être protégé… Et elle ne serait pas toujours là pour s’en occuper. Elle était peut-être omniprésente dans toutes ses créations, mais pas omnipotente. Elle ne pourrait pas communiquer avec le monde, lorsqu’il serait achevé. Il lui fallait quelque chose qui soit le reflet de ce qu’elle désirait pour sa création.

    Le Rêve libéra le visage de l’enfant de sa poigne molle, puis commença à s’éloigner d’elle en flottant dans les airs. La jeune Lhel se détourna aussitôt pour aller jouer avec les bourgeons des futurs arbres. Insouciante, elle avait déjà oublié la présence du Rêve. Cette dernière s’effaça peu à peu dans son paysage. A n’en pas douter, Lhel était promise à un grand avenir.

    --

    *Chapitre 1: Le vent du changement*



    Ses pieds nus battaient le sol meuble à un rythme régulier. Elle allait d’un trot rapide, le regard fixé sur le sentier devant elle. Sous ses pas, les bras d’herbe s’inclinaient respectueusement en chantant, puis se redressaient avec la grâce d’un souverain. Lhel courait à travers les sous-bois de la forêt de Wonderland, ses cheveux lui battant le font et le dos, sans se soucier des échardes qui s’insinuaient entre ses orteils ou des épines qui lui griffaient les flancs. Elle courait sans raison particulière, parce qu’elle aimait cela, tout simplement. Elle aimait sentir la caresse du vent sur sa peau nue et en dessous, le roulement vif de ses muscles encore en développement qui la propulsaient sans peine. Ils devraient encore s’étoffer et prendre de l’énergie mais ce processus prendrait des saisons et des saisons entières. Lhel grandissait au rythme des arbres qui avaient vu le jour avec elle.

    La jeune fille finit par stopper sa course au beau milieu d’une clairière ombragée. La fatigue commençait à se faire malgré tout sentir. Elle haletait légèrement, par à-coups, et quelques gouttes de sueur glissaient le long de sa jugulaire palpitante pour aller se perdre le long de sa poitrine naissante. Lhel se passa une main sur le visage et repoussa les mèches folles qui lui tombaient sur les yeux. Après quoi elle jeta un coup d’œil circulaire à la clairière embrumée que perçaient de trop rares flaques de lumières lunaires.
    La nuit était tombée depuis longtemps sur le Bois de Wonderland ; loin au-dessus des arbres en pleine croissance, la lune illuminait les frondaisons de son éclat nacré. Certaines plantes à feuilles avaient pris une teinte blanchâtre, tandis que d’autres luisaient de leur propre lumière envoûtante. Fixer ces merveilleuses nitescences pendant trop longtemps pouvait rendre ivre de béatitude le plus averti des chasseurs. Mais pas Lhel, malgré l’épuisement qui lui obscurcissait les sens. Elle n’avait jamais rien eu à craindre de la forêt. Oh, elle avait plusieurs fois failli laisser sa peau entre les crocs d’un fauve que la faim rendait aveugle. Elle en portait encore les cicatrices. Mais son corps de jeune fille était vif et agile, et elle savait déjouer la plupart des dangers de la forêt.

    Avec un grognement sourd, Lhel s’accroupit devant un sentier boueux. Elle étouffa un bâillement et secoua la tête, agacée par son propre état de fatigue. Elle vivait aussi bien de jour que de nuit, toutefois elle avait besoin de repos comme tout le monde. Mais plus tard. Pour le moment, il y avait plus important à faire : lors de sa course à travers les bois, elle avait repéré les traces et l’odeur nettement reconnaissables d’un grand groupe de cerfs bleus qui s’éloignait vers le nord de la forêt. Lhel n’avait rien avalé de plus consistant que des baies depuis plusieurs jours, et la chair d’un de ces cervidés serait un mets de choix. En outre, sa vieille jupe rapiécée devait être remplacée le plus tôt possible, avant l’hiver qui commençait à se faire sentir. L’été, elle allait souvent entièrement nue, mais ces derniers temps, les vents lui hérissaient désagréablement les pores de la peau. Elle pourrait récupérer une pièce de chaude fourrure azurée pour s’en tailler un vêtement douillet.

    Après avoir examiné méticuleusement les traces du sentier, Lhel se redressa en s’essuyant les mains sur les pans de sa jupe. Levant le visage vers la cime des arbres, elle huma longuement l’air. Toujours vers le nord, dans les hauteurs rocheuses… Il lui serait bien facile de capturer une proie, ce soir. La jeune fille se remit en chemin avec plus de prudence et de discrétion que précédemment. Elle n’avait pas la moindre envie d’échouer à cette chasse, d’autant plus qu’elle était rentrée bredouille lors des trois dernières. Les créatures de la forêt se méfiaient énormément d’elle lorsqu’elle traquait une proie. Ils devaient sentir que Lhel sélectionnerait l’animal le plus facile à capturer… Parfois, Lhel se lassait quelque peu de cette routine quotidienne. A part survivre, il n’y avait pas grand-chose à faire dans les Bois. Lhel n’aimait pas tuer, mais il lui fallait assurer sa subsistance par tous les moyens. Et hors de question d’aller brouter de l’herbe comme les herbivores ! La jeune fille connaissait la forêt et ses habitants par cœur. Quelque fois, elle souhaitait découvrir de nouveaux horizons, des parties de la forêt non explorées, qui sait ? Mais elle ne devait pas s’éloigner du cœur des Bois. Elle ne pouvait ni ne le voulait pas.

    Un mouvement brusque dans les fourrés attira soudain son attention, et elle se figea, tous sens en éveil, les yeux rivés sur le bord du chemin. Elle s’attendait à voir surgir un sanglier à rayures –l’un des animaux les plus belliqueux des bois- ou un danger similaire. Instinctivement, elle retint sa respiration et porta la main à sa ceinture à laquelle un poignard en os était suspendu. Elle était prête à répondre à la moindre attaque mais… A sa grande surprise, c’est une silhouette bien connue de Lhel qui surgit des feuillages.

    «Belun, le salua Lhel en inclinant légèrement la tête.

    -T’ai-je effrayée ? Pardonne-moi, je pensais que tu m’avais déjà flairé."

    Lhel secoua la tête pour mettre fin à ses excuses et s’accroupit. Belun était un magnifique loup blanc aux yeux cerclés de noir, ce qui lui donnait l’air de porter un masque rieur. Il semblait jeune mais ceux de son espèce vivaient longtemps. Lhel et lui chassaient souvent ensemble lorsque le destin les faisait se rencontrer. Leurs regards se rencontrèrent, échangeant des signes de salut réciproque. Ils n'avaient pas besoin de faire d'efforts pour se comprendre. Dans les bois, tous parlaient le même langage, qu'ils fussent arbres, animaux ou rochers.

    "J’étais en train de pister une proie, lui expliqua la jeune fille alors que l’animal venait poser son museau contre sa paume ouverte.

    -C’est une belle harde. Ils feront de bonnes proies pour toi, répondit Belun comme s’il savait déjà tout de ce troupeau. Cependant et si je puis me permettre, tu aurais dû te montrer plus attentive à ce qui se trouvait autour de toi…"

    Le loup remua la queue innocemment et alla s’asseoir contre un champignon de la taille de Lhel, alors que celle-ci fronçait les sourcils. Elle savait comment chasser, elle n’avait pas besoin qu’on lui dise comment faire ! Mais Belun était comme ça. Toujours respectueux et poli, mais n’hésitant pas à émettre des suggestions plus ou moins avisées. Même si elle était bien plus âgée que Belun, Lhel le considérait avant tout comme un compagnon de chasse et un ami. Mais elle garda ces réflexions pour elle-même.

    "Je ne risquais rien. Personne n’oserait s’attaquer à moi lorsque je chasse, tu le sais bien.

    -C’est vrai…., concéda Belun. Tous te respectent et te sont reconnaissant de la protection que tu leur offres, Lhel. Moi le premier."

    Lhel eut un léger sourire et vint s’asseoir près de son ami. Elle ne se sentait pas plus importante que qui que ce soit dans les Bois. Elle se contentait de faire son devoir, ce pour quoi elle avait été créée. Elle était là pour garantir la fertilité et l’harmonie de la forêt, voilà tout. Tout ce qu’elle souhaitait en échange, c’était ne faire qu’un avec sa sylve natale, et ce pour toujours. C'était le plus beau cadeau qu'on ait pu lui faire. Si cela venait à changer... Elle en mourrait. Son existence se finirait avec celle de la forêt et même si cela n'était pas prêt d'arriver, elle craignait ce jour plus que tous ses cauchemars réunis.
    Lhel s'allongea contre le flanc tiède du loup, pour profiter de ces quelques instants de quiétude. La chasse viendrait après, elle avait tout son temps.

    "As-tu entendu la rumeur, Lhel ? Lui demanda soudain Belun.

    -Une rumeur ? Ni le vent ni les arbres ne m'ont apporté une chose pareille.

    -Ca, c'est parce que tu ne te rends jamais à l'orée des bois...

    -Je n'en ai pas besoin," répliqua immédiatement Lhel en chassant cette idée incongrue d'un geste de la main.

    Belun laissa alors échapper un court halètement. Sa façon de montrer qu'il était amusé par les propos de la jeune fille.

    "Et pourtant tu y apprendrais bien des choses qui ne parviennent pas jusqu'au cœur des Bois... Là-bas, on raconte que parfois, l'odeur du vent en provenance du Sud change. Ce ne sont peut-être que des histoires de louveteaux. Je n'en ai jamais été témoin, mais une fois... (il s'interrompit sous l'œil interrogateur de Lhel, qui l'inçita à continuer) Une fois, j'ai vu des deux pattes sans fourrure. Comme toi."

    Lhel, qui s'était penchée en avant pour observer la lutte acharnée entre une chenille et une armée de fourmis, redressa la tête avec une expression interloquée. Belun aurait-il abusé de l'herbe à chat ? Il n'existait aucun «deux-pattes» à Wonderland, mis à part elle. Quoiqu'elle n'avait jamais mis les pieds hors de la forêt. Mais elle n'en avait ni le besoin ni l'envie: ce qu'il pouvait bien y avoir en dehors de son cocon végétal ne l'intéressait pas. Or si le vent portait vraiment d'étranges odeurs, c'est qu'il se passait quelque chose au-delà des montagnes et des plaines qui séparaient le Bois du reste du monde. Non loin de la forêt à vol d'oiseaux, d'après les migrateurs avec qui elle avait parfois discuté.
    Lhel réfléchissait à toute vitesse. En temps normal, elle n'aurait pas prêté la moindre attention à de tels racontars. Mais Belun, son ami de toujours, ne pouvait pas lui mentir. Son instinct lui intimait de tirer les choses au clair. Cette histoire de «deux-pattes» l'intriguait à son goût plus que nécessaire. Mais bon. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'être curieuse, après tout.

    "Lhel ? Fit soudain Belun, le museau penché avec inquiétude vers elle.

    -A quoi ressemblaient-ils donc ? Lui demanda-t-elle en sortant de ses pensées.

    -C'était un mâle et une femelle. Ils avaient une longue fourrure sur le crâne, comme toi ; le mâle était plus grand mais il semblait jeune. Quant à la femelle... je n'ai pas pu voir son visage en détail, il était caché. Mais je crois qu'elle te ressemblait un peu. Ils parlaient seulement avec leur gueule, ils n'avaient ni oreilles ni queues visibles. Ils portaient comme toi des morceaux de peau sur eux... Mais ils n'avaient pas ton odeur. J'ai trouvé qu'ils sentaient bizarre... Fumée, autres animaux, et d'autres choses que je ne connaissais pas."

    Comme toi, comme toi, comme toi... Lhel montra brièvement les dents. Elle ne voulait pas être associée à quelque chose de l'extérieur. Elle était l'arbre, le loup, la terre de ces Bois ; son essence même était trop différente des éléments de l'extérieur pour qu'elle puisse y ressembler d'une quelconque manière. Tout ce qui n'appartenait pas à la forêt n'était pas elle. Et cette simple idée la révulsait et lui donnait envie de se terrer au fond d'un terrier. Quelle horreur !

    "Qu'ils essayent d'entrer dans les Bois, et ils goûteront à mes crocs, lâcha-t-elle hargneusement en caressant la poignée de son couteau.

    -Trop de fougue, jeune louve... Tu ferais mieux d'observer et de rester discrète, tu ne penses pas ? Qui sait ce que ces étrangers désirent ? Ils pourraient s'avérer plus intéressants que tu ne le penses..."

    Lhel se releva et croisa les bras sur sa poitrine. Elle était la gardienne de ces lieux et se devait de les protéger coûte que coûte. Plutôt que de sauter au cou de ces mystérieux deux-pattes pour leur faire la fête, elle préférait rester sur ses gardes. D'autant plus que s'ils ressemblaient un tant soit peu à Lhel, ils risquaient de la prendre pour l'une des leurs. Et quelle idée ! Elle donna de l'ordre à sa coiffure avait de déclarer à Belun:

    "Assez parlé de ceux là pour le moment... Je vais aller chasser. M'accompagneras-tu ?"


    Elle avait faim, elle était fatiguée; elle n'avait donc plus la moindre envie d'évoquer des questions sans réponses. Ça ne servait qu'à faire gronder son estomac un peu plus. En regardant ses pieds crottés de boue, elle se dit qu'elle aurait en plus besoin d'un bain glacé. Mais plus tard. Pourquoi penser au futur tant qu'on n'y est pas encore ? Belun, qui se joignait toujours volontiers à la chasse, se leva à son tour et s'ébroua, après quoi ils se mirent en marche côte à côte.

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    MessageSujet: Re: Lhel Amaryllis    Lhel Amaryllis  EmptyVen 16 Juil - 11:06

    *Chapitre 2 : Tea Party au clair de lune*

    Pendant des années, Lhel n'entendit plus parler des mystérieux bipèdes. Parfois, certains animaux migrateurs rapportaient avoir vu de grands rassemblements de ce qui semblait s'appeler «humains» mais aucun d'entre eux ne s'approchait des Bois de Wonderland. Comme s'ils perçevaient l'aura d'hostilité qui enveloppait Lhel et par conséquent la forêt tout entière, ils demeuraient à l'écart de l'orée des bois. Ceux-ci avaient bien changé. Les arbrisseaux étaient devenus de véritables géants dont les branches s'entrelaçaient les unes avec les autres, et qui noyaient les sous-bois dans la pénombre. La forêt tout entière était un foyer de vie, un jardin merveilleux au sein duquel la diversité n'avait d'égale que la richesse. Il ne fallait pas chercher bien longtemps pour trouver de quoi assurer sa subsistance pour plusieurs jours. Lhel en savait quelque chose.

    Elle aussi avait beaucoup changé : elle avait désormais l'apparence d'une adulte de grande taille. Son visage, qui avait perdu toutes ses rondeurs d'enfance, possédait une belle teinte olive et avait gagné en fermeté sous les assauts incessants des éléments. Chaque partie de son corps s'était endurcie et elle ne pouvait que s'en satisfaire, étant donné qu'elle avait le besoin impératif de mobiliser toute son énergie à ses activités forestières. Non seulement son corps, mais aussi son esprit s'était transformé avec le temps. Lhel n'était plus cette jeune louve fougueuse et impétueuse qui se serait jetée à l'assaut du danger à la moindre occasion. Elle préférait demeurer dans l'ombre et observer. Toutes les connaissances qu'elle assimilait lui resserviraient tôt ou tard, quoiqu'il arrive. Lhel avait grandi en résonance avec la forêt durant des lunes et des lunes et avait finit par acquérir toute sa maturité et sa force.

    La nuit était tombée depuis plusieurs heures lorsque Lhel parvint à l'étang aux nénuphars. Elle allait à petits pas, ses semelles de cuir frôlant à peine l'humus riche et odorant qui tapissait le sol. Très haut dans le ciel noir d'encre, la lune et les étoiles éclairaient faiblement le sentier sinueux devant Lhel. La faible clarté nocturne ne la gênait pas le moins du monde. Elle connaissait le chemin et son regard vif captait la moindre source de lumière.
    Lorsqu'elle perçut le doux clapotis des flots sur la berge et leur éclat argenté, elle ralentit le pas pour prendre le temps d'observer les altnours. Personne. Parfait ; elle n'aimait pas se baigner sous les regards. Le temps où elle courait à travers la forêt sans se soucier de sa nudité était loin... Son corps sans fourrure ne lui rappelait que trop qu'elle était différente des êtres des Bois. Sans pouvoir l'expliquer clairement, elle en tirait un fort sentiment de malaise. Raison pour laquelle elle se couvrait le corps de pièces de tissu.

    Lhel s'avança jusqu'à la berge de l'étang. D'énormes nénuphars s'étalaient à sa surface ; leurs fleurs écarlates exhalaient un parfum suave et enivrant. Même en pleine nuit, de petits insectes voletaient au-dessus de la surface, attirés par la luminescence d'innombrables lucioles. Ce spectacle la fascinait toujours plus. Elle était fière d'avoir l'honneur de protéger une telle merveille. Et dire qu'il y en avait encore tant d'autres...
    Sans attendre, la jeune femme porta les mains à sa ceinture et en défit le noeud. La besace qui y était suspendue tomba dans l'herbe, ainsi que son poignard en os sculpté. Sa tunique ocre et ses chausses suivirent peu après, et Lhel plongea immédiatement dans les flots glacés. Elle réapparut quelques secondes après à la surface en prenant une grande inspiration, puis elle s'esuya les yeux du revers de la main. Elle demeura un long moment ainsi, immobile, à savourer le contact vivifiant des flots sur son corps épuisé par le labeur quotidien. Tout en poussant un profond soupir, elle détendit ses muscles un à un. Rien n'était plus agréable qu'un bain glacé, selon Lhel... Elle se laissa soudain couler sous la surface, Quand elle en ressortit, elle avait dans les mains une pierre plate et poreuse, avec laquelle elle entreprit de se frictionner les épaules et les bras.

    Absorbée dans sa tâche et plongée dans ses pensées, elle ne sentit pas l'ombre qui s'était approchée de la berge.

    «Belle soirée pour un bain de minuit, n'est-ce pas ?» Fit une voix grave et posée. Lhel sursauta, alerte, tous muscles bandés.

    Une créature telle qu'elle n'en avait jamais vue auparavant se tenait sur la berge, bien en face d'elle. Lhel se redressa de toute sa taille, se souciant peu, en apparence, de sa nudité, Au fond d'elle, elle était incommodée par le regard pénétrant de l'inconnu. Mais elle demeura impassible, la mine fermée et légèrement menaçante, à le dévisager.

    C'était un homme. Un «bipède sans fourrure» comme l'aurait appelé Belun... Cet homme avait les cheveux plus sombres que Lhel, mais sa peau avait la couleur de la Lune, comme s'il n'avait jamais vu le soleil. Quant à ses yeux... même dans la semi-pénombre, leur teinte bleue pâle avait cet éclat fascinant qui captivait Lhel. Cette dernière secoua brièvement la tête. Ce n'était pas le moment de selaisser distraire par une fleur aussi exotique... Sans le quitter des yeux, elle pataugea dans l'eau peu profonde pour aller récupérer ses affaires. Là, elle s'empara vivement de sa tunique et la fit passer négligemment autour de ses épaules. La laine absorbait l'eau et lui irritait la peau, mais tant pis.
    Lhel se retourna pour se camper devant l'étranger. Celui-ci la considérait avec le même demi-sourire qu'à son apparition. Il n'était pas d'ici, et à en juger par ses vêtements, cela ne faisait aucun doute ; elle se demandait d'ailleurs comment il avait pu traverser la forêt avec un tel accoutrement. Sans prendre de gants, elle finit par ouvrir la bouche et lui demander :

    «Que fais-tu ici, et qui es-tu ?»


    Alors l'homme s'inclina. L'étrange objet cylindrique qu'il portait sur le haut du crâne vacilla sans pour autant chuter.

    «Alec Weaver, pour vous servir, ma jeune dame», répondit-il en se redressant promptement.

    Son ton révérencieux, ainsi que la sonorité inhabituelle de son nom acheva de persuader Lhel. Il venait de l'extérieur de la forêt. Elle lâcha un dernier soupir de dépit. Elle avait failli à sa tâche. Elle avait mal protégé le Bois et le résultat était là, sous ses yeux.

    «Cela ne me dit pas ce que tu fais ici, répéta Lhel, les bras croisés sur la poitrine. Personne n'entre dans la forêt sans mon autorisation. Personne.

    -J'ai ouï-dire que le Bois était un endroit merveilleux où chaque essence s'accorde délicieusement avec les autres... (Il fit deux pas en direction de la jeune femme) Et d'après mes observations, la rumeur est bien vraie... Voyez-vous, j'éprouve une grande affection pour les plantes rarissimes, et j'espérais pouvoir compléter ma collection.»

    Lhel s'accroupit et caressa le sol fleuri du bout des doigts dans un geste possessif. Quelque chose dans la manière de s'exprimer de l'individu la mettait sur ses gardes. Mais elle n'aurait su dire quoi. De l'autre main, elle s'empara discrètement de son poignard. Mais l'homme devait avoir le regard aussi affûté qu'un aigle, car il remarqua aussitôt son geste...

    «Allons, soyez raisonnable et lâchez ce couteau... Je ne viens pas en ennemi !


    -Tu crois pouvoir entrer dans notre forêt, prendre ce que tu désires, et repartir à ta guise ? Gronda Lhel. Je ne suis pas idiote, étranger. Tu es peut-être le premier à oser pénétrer chez nous mais je sais très bien ce que tu veux.»

    Sans quitter son sourire, l'homme s'accroupit pour se mettre à sa hauteur. Ils n'étaient séparés que de quelques pouces, et Lhel pouvait sentir son souffle chaud sur son visage. Un long frisson parcourut l'échine de la jeune femme, ce qui eut pour seul effet d'accroître sa sensation de malaise : elle se sentait à la fois répugnée et attirée par cet être mystérieux. Ils n'avaient rien en commun, ilsétaient étrangers l'un à l'autre. Mais ils se ressemblaient tellement...

    «Tu devrais repartir d'où tu viens, étranger.

    -Mon nom est Alec, pas «étranger», rappela-t-il doucement. Mais une belle rose comme toi doit bien posséder un nom, pas vrai ?

    -Lhel, répondit l'intéressée à contrecœur. Je m'appelle Lhel.»

    Lhel soutenait le regard d'Alec avec un air de défi. Elle ne serait pas la première à baisser les yeux. Mais finalement... son expression s'adoucit face à son sourire déconcertant. Cet homme avait, semble-t-il, le don de mettre ses interlocuteurs en confiance. Les humains étaient-ils tous comme cela ? Un sourire, deux ou trois belles paroles, et ils s'accordaient l'amitié d'autrui ?

    «Bien, maintenant que les présentations sont faites, peut-être désireriez-vous une tasse de thé ?» Devant l'air indécis de Lhel qui ne comprenait pas à quoi il faisait allusion, il ajouta : «C'est ainsi que nous faisons connaissance dans mon pays ; les langues se délient plus facilement autour de la chaude caresse de ce breuvage.»

    Lhel ne répondit pas et se contenta de lui lancer un regard indécis. Alors, l'homme leva une main dont le gant à l'étrange tissu brodé ne lui couvrait que la paume, et claqua sèchement des doigts. Aussitôt, trois objets rondelés apparurent en flottant dans les airs devant lui, Lhel amorça un mouvement de recul, les lèvres légèrement retroussées sur un grondement silencieux. Mais l'homme... Alec n'en tint pas compte et lui expliqua tranquillement que cela faisait partie du processus. Pendant ce temps, le plus gros objet se courba pour déverser un peu d'eau fumante dans les deux autres, qui étaient creux. Puis l'un d'eux flotta jusqu'à elle, attendant visiblement qu'elle l'attrape par l'anse. Lhel était perdue. Devait-elle lui accorder sa confiance ou bien tourner les talons et s'enfuir ? Il aurait très bien pu l'empoisonner avec cet étrange breuvage. Elle aussi préparait parfois des infusions de plantes de la forêt ; mais elle n'avait aucune idée de ce que contenait le petit sachet qu'il sortit de sa poche. Avant qu'il le déposât dans l'eau bouillante, la jeune femme s'en empara d'un geste vif et l'approcha de son nez.
    Elle ne décela pas le moindre effluve de poison. Tout en jetant à Alec un regard circonspect, elle avala une petite gorgée de thé.
    C'était brûlant mais singulièrement parfumé et sucré. Autant que l'odeur de cet homme.
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    MessageSujet: Re: Lhel Amaryllis    Lhel Amaryllis  EmptySam 31 Juil - 20:25

    *Chapitre 3: Sang et flammes*

    C'est une odeur de bois brûlé qui réveilla Lhel en sursaut, cette nuit-là. Elle se redressa subitement sur sa couche, les yeux écarquillés, prête à bondir hors de son abri mais trop peu sûre d'elle pour s'y décider. Et si elle se trompait ? Et si la fumée qu'elle entrevoyait par une ouverture entre les branchages de sa hutte n'était qu'un simple feu de camp ?
    Confuse, Lhel jeta un coup d'oeil circulaire. Elle était seule dans son abri douillet qu'elle s'était confectionné entre les branches d'un vieil arbre. Alec n'était plus venu depuis un sacré bout de temps, mais une montre à gousset qu'il lui avait offerte pendait encore à une branche en reflétant la lueur de la Lune. Quand il lui rendait visite, Lhel pouvait enfin émerger de sa solitude. Après tout, il était le seul être humain avec qui elle fût entrée en contact. Il lui avait appris maintes et maintes choses au sujet du monde, qu'il appelait Wonderland, et lui avait enseigné la plupart de ses coutumes. Lhel n'en avait retenu que quelques-unes, uniquement celles qui l'intéressaient et qui s'accordaient à son mode de vie. Elle n'irait jamais vivre dans l'une de ces maisons carrées, et ne se vêtirait pas non plus de ces robes de tissus inconfortables qu'Alec lui avait montrées, mais elle prenait volontiers le thé avec lui. En échange, elle lui avait appris les différentes propriétés des plantes de la forêt et à éviter ses dangers.
    Tout cela lui manquait, ces derniers temps. Elle ne savait pas où il était, car il ne lui parlait presque pas de ses activités en dehors de la forêt. Elle aurait aimé pouvoir le suivre et voir de quoi il retournait. Mais elle ne pouvait pas mettre un pas en dehors de la forêt sans ressentir un cruel tiraillement dans la poitrine qui pouvait aller jusqu'à lui faire perdre connaissance. Son lien avec elle était trop fort pour qu'elle puisse s'en éloigner. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, pourtant : Alec avait plusieurs fois voulu lui montrer le monde extérieur, car il déplorait le fait qu'elle ne l'ait jamais vu de ses propres yeux. Elle s'était d'abord montrée très réticente à cette idée, mais il avait su gagner sa confiance, de jour en jour.

    Dans les premiers temps, Lhel avait tout fait pour qu'il quitte la forêt. Il ne s'était pas montré belliqueux, et heureusement pour lui, mais elle avait du mal à supporter le fait qu'un étranger se promène en toute liberté dans le Bois. Alec ne s'était néanmoins pas découragé, comme s'il désirait vraiment faire connaissance avec la «jeune» femme. Il la suivait à distance lorsqu'elle chassait pour ne pas troubler ses proies par son odeur, insistait pour étudier les plantes qu'elle récoltait dans les sous-bois et se montrait terriblement affable avec elle. Lhel, quant à elle, s'efforçait de ne pas se montrer trop désagréable avec lui, tout en faisant tout pour lui faire comprendre qu'elle ne se laisserait pas avoir si facilement. Mais avec le temps, sa résistance s'était émoussée...
    Alec semblait, tout comme elle, être pourvu de la vie éternelle. Chaque fois qu'il se présentait à elle, il avait la même apparence...

    «Une si jolie jeune femme, seule par cette si jolie nuit ? Fit justement la voix familière d'Alec dans l'entrée de sa hutte.

    -Tu es venu..., dit Lhel en se retournant pour aller le saluer.

    -Je t'ai manqué ? Oh, je ne suis pourtant pas de première nécessité...»

    Lhel étouffa un rire amusé. Elle appréciait l'homme qui, même s'il était un étranger de l'extérieur, se montrait toujours sympathique avec elle. Il venait rarement la nuit, mais c'était toujours une joie de pouvoir lui parler.
    Très tard dans la nuit, alors qu'elle discutait avec Alec, allongée dans son grand hamac, elle entendit un long sifflement. Ce cri, c'était... !
    Elle jaillit hors de la couche et s'arma fébrilement de son poignard. Ce hurlement déchirant était le cri d'alerte d'un Griffon. Elle devait aller voir ce qui se passait, et au plus vite. Les Griffons étaient l'un des peuples les plus important en terme de densité, et Lhel entretenait avec eux des relations très amicales. Elle se devait de les protéger de toute menace, quelle qu'elle fût.

    «Qu'y a-t-il ? Fit Alec en émergeant de son hamac, installé sommairement entre deux banches.

    -Quelque chose... quelqu'un... a attaqué un Griffon... J'ai entendu son chuintement... Je dois aller voir ce qui se passe ! Répondit-elle sans lui jeter un simple coup d'oeil.»

    Alec l'attrapa par le bras.

    «Ce n'est rien... tu as sûrement rêvé. Tu devrais te coucher...»

    Lhel secoua la tête et se dégagea de sa prise avant de bondir sur le rebord de la petite lucarne. Il n'avait qu'à la suivre ! Son devoir était ce qui primait, en cet instant.
    La jeune femme suivit l'odeur de bois brûlé qui s'était fait plus forte depuis la dernière fois. Au fur et à mesure qu'elle s'approchait de la source, un autre effluve se mêla au premier. Âcre et écoeurant. Lhel frissonna quand elle reconnut l'arôme du sang. Un sang qui devait avoir coulé en grande quantité... Le vent, en plus de l'odeur méphitique, lui apportait les cris de plusieurs dizaines de voix dont elle reconnut la plupart. Au loin, entre les arbres, elle aperçut une vive lumière orangée. Des flammes ! Sans attendre, elle fonça vers la clairière. Alec la suivait de près, l'air soucieux.
    Une énorme masse la percuta alors qu'elle atteignait l'orée de la clairière. Elle roula au sol en criant sourdement mais avant d'avoir pu reprendre ses esprits, elle fut saisie par les bras. Elle se débattit mais on la tenait fermement ; assommée par le choc, elle ne pouvait même pas relever la tête pour voir ce qui se passait.

    Lhel finit par se retrouver plaquée contre Alec. Elle leva la tête vers lui avec un grognement étouffé. Son visage était vide de toute émotion, bien qu'il fixât quelque chose droit devant lui avec un petit sourire froid. Mais il y avait autre chose. Dans l'obscurité, elle n'avait rien vu de son regard. Mais il avait changé. L'un de ses yeux était d'un noir d'encre, tandis que l'iris de l'autre était presque blanc. Dans la lumière des flammes et des braises, ils avaient une teinte des plus inquiétantes. Que s'était-il passé ?
    Très vite, l'un de ceux qui la tenait l'arracha au contact d'Alec. Lhel put enfin jeter un oeil autour d'elle.
    Et le spectacle la révulsa. Elle poussa un long cri d'horreur en ouvrant grand les yeux. De la bile acide remonta dans sa gorge et elle la ravala avec difficulté, la respiration saccadée.

    Morts ! Ils étaient tous morts ! L'air ambiant s'emplissait des gémissements d'agonies et des cris de colère inutiles. Tous les Griffons, tous, tous jusqu'au dernier ! Hommes, femmes, enfants... Des êtres étranges de forme rectangulaire achevaient les derniers survivants. Autour d'eux, les arbres étaient calcinés, broyés, abattus par centaines. Elle reconnut de nombreux amis à elle parmi les morts. Un amoncellement de corps de Griffons gisait entre deux arbustes décharnés. D'autres créatures de la forêt avait péri sous les coups de ces monstres venus d'ailleurs. Elle vit un cerf éventré par une lance qui était restée fichait dans son corps, des familles entières décimées sans la moindres pitié ; et à quelques pas d'elle, une silhouette à la fourrure blanche bien connue....

    «Belun ! Beluuun !!!» hurla-t-elle en se tortillant dans tous les sens.

    La douleur de Lhel était indicible. Jamais personne n'avait osé s'en prendre ainsi à la forêt ! Le responsable, c'était à coup sûr cette femme étrange montée sur un cheval noir qui devait bien être deux fois plus grand qu'elle. Elle portait l'une de ces robes rouges typiques de l'extérieur des Bois et couvait la scène de son regard impérieux. Lhel ne put s'empêcher de la trouver ridicule à souhait. Mais cela ne lui épargnerait pas de goûter à ses griffes d'ici peu...

    «Jolie prise, Chapelier... Je ne savais pas, toutefois, que vous les appréciiez aussi sauvages et mal peignées...

    -Bonsoir, très chère Reine de Coeur...," fit Alec en s'inclinant jusqu'au sol.

    Un cri de rage monta dans la clairière dévastée. Lhel se débattait tant bien que mal mais la poigne des deux molosses qui la tenaient était d'acier. Elle voulait les tuer, tous, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus un seul pour oser faire du mal à sa terre bien-aimée.

    «Tu connais cette créature !?» Gronda-t-elle à l'attention d'Alec.

    Elle se sentit brutalement plaquée au sol, face contre terre, et le visage d'Alec disparut de son champ de vision. Des petits pas pressés se firent entendre près de son visage. C'est alors qu'une main aux ongles acérés l'empoigna par les cheveux, et la força à relever la tête. C'était la femme montée à cheval.

    «Personne... ne parle de moi... de cette manière ! Est-ce bien clair ?» Glapit-elle de son affreuse voix criarde.

    Elle gifla Lhel aussi fort qu'elle en était capable. Celle-ci sentit sa lèvre s'ouvrir sous le choc des anneaux qui ornaient ses doigts. Elle poussa un feulement sourd et retourna lentement la tête vers la femme pour la regarder dans les yeux. Toute la haine qu'elle était capable de ressentir était retenu dans ce regard. Je te tuerai de mes mains, pensa-t-elle sans pour autant lui en faire part, et elle se passa la langue sur sa lèvre blessée avec un sourire féroce. L'autre dut s'apercevoir de ce qu'elle pensait, car elle se détourna avec un petit hoquet méprisant et se dirigea vers Alec.

    «Je vous laisse conserver votre tête pour ce soir... Emmenez votre fauve avec vous, et que je ne la revoie plus par ici. Mais vous devriez faire attention... Celles de cette espèce ont tendance à mordre !

    -Oh, croyez-moi, je sais les dompter...
    , rétorqua-t-il avec un large sourire. Bonne fin de soirée, Votre Majesté...»

    Celle qui se faisait appeler la Reine de Coeur se remit en selle et, dans un grand fracas, son armée et elle disparurent dans le lointain. C'en était trop... Lhel se jeta sur Alec avec un cri de rage, le fit tomber sur le dos dans la boue couverte de sang coagulé et le secoua avec sauvagerie.

    «Je te faisais confiance !! Et toi, tu m'as trahie ! Tu nous as tous trahis ! Tu as vendu la forêt tout entière à cette pauvre folle !!»

    Incapable de contenir sa fureur quelques secondes de plus, Lhel éclata en sanglots. Elle le tuerait lui aussi, elle lui ferait regretter tous ses crimes, tous ces morts pour rien et sans raison. Mais avant qu'elle ait pu l'égorger, Alec lui saisit les poignets et les lui tordit sans violence. Lhel poussa un gémissement plaintif et roula sur le côté, les paupières serrées. Quelque chose dans les mains d'Alec l'empêchait de lui planter les ongles dans le coeur. Quelque chose l'empêchait de lui faire le moindre mal. Et à cause de cet homme seul, elle était impuissante, tout comme elle avait été impuissante à sentir le danger, à protéger sa forêt, ses habitants, ses frères et ses soeurs qui ne méritaient que la paix et le bonheur...

    «Je n'ai aucun compte à te rendre, ma chère Lhel,» souffla Alec tout près de son oreille avec une pointe d'amusement, et ces mots furent comme une lame chauffée à blanc plantée dans le coeur de la jeune femme. Rien, pas même un mot d'excuse pour l'avoir retenue alors qu'elle tentait de protéger sa forêt !? Mais de quoi était fait cet homme pour se montrer aussi insensible ? Tout le temps qu'il avait passé avec Lhel n'était donc que poussière ?

    «Tu paieras... Je te promets que tu paieras pour ça..., siffla-t-elle en le fixant dans les yeux.

    -Mais payer pour quoi ? Je ne suis coupable d'aucun crime... Je n'ai pas tué tes amis, je n'ai même jamais eu envie de leur faire le moindre mal !

    -Menteur... Tu mens... Tu m'as forcée à rester avec toi... alors que tu aurais dû me laisser faire mon devoir. Tu te disais mon ami, mais tout ce que tu es, c'est un menteur et un traître.

    «Allons, sois raisonnable... Je suis navré de ce qui a pu se passer ici, mais je n'en suis pas responsable..., répondit-il.

    -Tu l'as fait dans le seul but de les laisser commettre leur petit massacre sans contretemps. Tu ne vaux pas mieux qu'eux. Qu'est-ce que ça t'apporte, de laisser mourir des dizaines d'innocents ? Tu y prends plaisir, n'est-ce pas ?

    -Ma pauvre Lhel... tu ne comprendras donc jamais ? Bien sûr, tout ceci te dépasse complètement...»

    Comprendre quoi !? Il n'y a rien à comprendre ! Voulut-elle lui cracher au visage. Mais avant qu'elle ait pu répondre, Alec s'approcha près d'elle, trop près. Elle le repoussa avec véhémence et s'éloigna à croupetons dans la boue, une mimique agressive sur le visage. L'humiliation était trop grande pour elle, et ses sentiments mitigés encore plus.

    «Ne me touche... pas !!

    -Quel dommage que tout finisse ainsi... Sur un stupide malentendu... Tu me déçois beaucoup, Lhel,» fit-il en se relevant avec un soupir las. Il épousseta ses vêtements couverts de boue et se détourna d'elle. Elle aurait dû se relever et le poursuivre pour le tuer, mais elle n'en avait ni la force ni le courage.

    Lorsqu'il eut disparu derrière les arbres calcinés, la jeune femme se releva difficilement. Ses vêtements empestaient la boue rance et le sang, mais elle s'en moquait éperdument. Elle allait retrouver cet homme et cette mégère et leur faire payer la rançon de leur crime. Après avoir ramassé son couteau dans une flaque d'eau, elle fit quelques pas maladroits dans la direction où étaient partis les cavaliers et Alec Weaver.
    Non... il restait encore quelque chose à faire avant de se mettre en chasse... Il lui restait une tâche, une seule, pour sauver sa dignité souillée et rendre hommage à tous les innocents qui avaient péri cette nuit-là.

    De la nuit jusqu'à l'aube, un gigantesque brasier flamba dans la clairière dévastée qui avait servi de théâtre à ce massacre insensé. Et tout ce temps, une voix solitaire monta jusqu'au firmament, un chant entrecoupé de sanglots qui renvoyait tout le désespoir qu'il était possible de ressentir.
    Lorsqu'au petit matin, les corps des Griffons morts furent retournés à la terre, Lhel put cesser de pleurer les défunts. Maintenant, elle devait chasser... Et cette traque ne prendrait fin que lorsqu'elle aurait rendu la pareille à ces monstres. Alec Weaver et son ego mal placée, celle qui se faisait appeler Reine de Coeur et tous ses stupides chiens de garde... Ils ne verraient pas le soleil se coucher. C'est sur ces pensées que Lhel se mit en route, le visage levée vers l'horizon en humant fébrilement l'air. Mais en vain...

    La fumée et le sang avaient effacé l'odeur de ses proies. Et dans un tel brouillard, elle était incapable de se repérer. Un long gémissement de dépit monta du fond de sa gorge. A l'heure actuelle, ils devaient déjà être sortis de la forêt... et elle était incapable de faire deux pas en dehors des sous-bois. Elle ne pouvait rien faire sinon attendre... attendre qu'ils reviennent pour saccager à nouveau la forêt, un jour, dans une éternité...

    --

    *Epilogue : Protéger ce qui doit l'être *


    Lhel erra dans la forêt pendant un temps interminable. Elle s'était jurée de retrouver, traquer et tuer tous ceux qui étaient plus ou moins liés au Chapelier et à la Reine de Coeur. Elle abattit à vue des dizaines de leurs serviteurs qui avaient osé pénétrer dans le Bois sur ordre de leur maître. Et ceux qu'elle ne tuait pas, elle les mutilait puis les renvoyait d'où ils étaient venus. Mais ces avertissements étaient vains ; Lhel ne pouvait et ne pourrait jamais sortir du Bois de Wonderland. Et à elle seule, il lui était impossible de se débarrasser de tous les intrus. Il lui arriva plusieurs fois de flairer le parfum familier d'Alec Weaver longtemps après que celui-ci soit parti de la forêt... C'était rageant, et frustrant.
    Lhel se sentait impuissante et cela la mettait hors d'elle. Elle faillait à la tâche que lui avait confiée un créateur dont elle ne se rappelait presque rien. Au fond d'elle, elle aurait voulu ce que fameux créateur lui permette de sortir de la forêt, rien qu'une fois...

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